dimanche, octobre 23, 2005

Vers le Perú

Ça y est, c’est décidé , je pars de Buenos Aires pour commencer mon périple en Amérique du Sud. Le cœur serré , attristée de quitter cette ville, je vais acheter mon billet pour Lima – directo!

Trois nuits et 4 jours de bus m´attendent! je n'avais jamais encore fais un voyage aussi long en bus. (le plus long était de 29 heures au nord du Mexique) mais là plus de 70 heures de bus non stop ! j'appréhende un peu et commence á me demander : près de qui vais-je m’asseoir ? manger ?dormir ? je vais être coller á une ou un inconnu pendant 3 jours ! Sans douche !
Il me restait encore quelques jours pour profiter de Buenos Aires, fêter Souccot en compagnie de Delphine et Marie-Pierre, deux anciennes EI rencontrées par hasard á la shull de Libertad, me séparer de mes nouveaux amis, des commerçants de mon quartier, la bonne pâtisserie d’en bas de la maison, le cyber café, la pharmacie, la cabine téléphonique, le primeur, le supermarché Norte, les empanadas, la banque, l’alliance française, le centre culturel San Martin … J’avais réussi á me construire une petite routine en peu de temps. Je devais quitter á présent mes repères.
Je reviendrai de toute façon dans quelques mois !





C’est Melissa qui est assise près de moi. Je vois á peine son visage car depuis qu’elle est montée dans le bus elle a la tête collée á la vitre et sa main ne cesse de s’agiter pour saluer, j’imagine, sa famille. Elle a laissé sur le quai son mari et ses 2 enfants.Elle se retourne et je découvre un visage « peinturé » . Des larmes de crocodiles (j’ai rarement vu une telle quantité de larmes) font couler son maquillage et forment ainsi une peinture expressionniste sur sa face. Je lui parle, histoire d’être avec elle dans ce moment difficile, elle me raconte que c’est la première fois qu’elle part loin de ses enfants. Elle va au Pérou pour visiter sa famille. Cela faisait 12 ans qu’elle n’était pas retournée au pays et qu’elle n’a pas vu sa famille. Le voyage coûtait trop cher pour eux ( environs 250 $ A/R).



les adieux sur le quai du bus


La seule chose qui a pu la calmer c’est de me montrer les album photos de ses enfants. Elle a emporté avec elle un nombre incroyable de photos pour montrer á ses parents. Les grands parents n’ont jamais vu leurs petits enfants.
Je me tape donc des photos d’anniversaires au Mac Do, de fêtes d’école, de noël, a la plage, enfin vous imaginez la collection et ça n’arrêtait pas ! En plus pour chacune des photos elle tenait a faire un commentaire ! depuis et pendant ces 3 jours á chaque fois q’ elle avait un coup de blues, Mélissa sortait ses albums…

Dans le bus il y a trois bonnes femmes qui papotent, papotent, et rien ne peut les arrêter… elles déballent leur vie. L’une d’entre elle est avec son fils de 3 ans , Alex et sa fille de 14 ans. Une adolescente absolument adorable et mature, Brenda. Leurs mère Fabiola , est une très jolie péruvienne aux yeux verts, une femme piquante et drôle qui n’arrêtera pas de nous faire rire tout au long du trajet. Eux, rejoindront le nouveau mari de Fabienne au nord de Lima, á Chiclayo, ils s’y installeront. Brenda a quitté ainsi tous ces copains de Buenos Aires, elle semble dire qu’elle préfère la vie au Pérou.




Brenda (14 ans)


Nous avons quitté Buenos Aires en début de soirée. Devant moi un couple avec un nourrisson de 2 mois. Je pensais que je n’allais pas dormir cette nuit … avec un si petit bébé devant moi… j’ai eu tord, cette petite fille a dormi TOUTE LA NUIT ! « elle a fait sa nuit »
De beau matin nous arrivions á Mendoza. Nous devions changer de bus. Pour une première nuit, j’ai très bien dormi. En fait ça faisait longtemps que je n’avais pas « fais ma nuit » puisque BsAs ne me laissait pas dormir. C’était plutôt reposant ce trajet en bus.
Juste le temps d’aller faire sa toilette matinale dans les WC de la gare routière et c’est reparti pour la suite du trajet.


P.P.P (Pause Pipi au Pèrou)


Le couple avec le nourrissons nous a quitté, mais d’autres passagers nous ont rejoints. Derrière moi Isabel une péruvienne qui vit á Mendoza, charmante jeune fille aux yeux pétillants , très communicative. Elle veille a me présenter sa voisine Marina, une fille brune, qui ressemble plutôt a une brésilienne, tout aussi pétillante et souriante. Marina vient de Cordoba, elle est étudiante en Anglais, elle part en vacance au Pérou pendant 15 jours, pour faire le Inca Trail jusqu’a Matchu Picchu.

Marina con mi

Marina & moi Melissa, Isabel, me et Marina


Au fond du bus il y a aussi Carlitos, un Argentin de Cordoba, qui est venu me parler car j’étais européenne. Il était curieux de savoir ce que je faisais en Amérique du Sud.
Lui ira s’installer a Arequipa pour travailler dans un club de foot.
Devant moi, un vieux couple et leur grand fils. Eux rentrent au Pérou après avoir rendu visite a leur fils aîné en Argentine. La mère a débarqué dans le bus avec des sacs de marmites de nourritures. Elle me propose un sandwich au poulet… je refuse gentiment… « non merci je suis végétarienne ! » Je me rabats sur ma superbe réserve de fruits et céréales.


Tout á l’avant, face au super écran (le par brise) se trouve David . La place près de lui est inoccupée. Le veinard il peut s’allonger ! David est un jeune homme complètement réservé, collé á la vitre, rien ne semble le faire réagir. Il admire le paysage.
D’ailleurs le paysage commence á être de plus en plus beau , on voit apparaître la cordillère des Andes enneigée. Rien de plus beau qu’un paysage de montagnes, ça m’a toujours impressionné ! Je profite de la place libre devant le super écran géant et m’installe près de David pour admirer le paysage. Ca y est j’ai deux places dans le bus, une près de Melissa et l’autre prés de David !

David et son écran

Il y a aussi la fille des « témoins de Jehova », une fille équatorienne , complètement « space »… elle ne parlait avec personne, elle semblait être totalement snobe. Habillée d’une salopette avec des nounours et deux nattes noirs elle semblait être ailleurs. Un visage assez sévère. Elle sort une bible, et commence á étudier. Je lui demande ce qu’elle étudie, « le livre de Daniel… » on échange quelques propos religieux, je lui explique que je suis juive et que je viens aussi d’Israël. Ca me renvois á un Shabbat après midi lorsque j’avais 15 ans ‘a Strasbourg oú Lilibeth et moi avions eu la visite de témoins de Jehova , nous les avons laissé entrer pour discuter avec eux Kodesh… on adorait ça ! mais avec cette fille du bus (je ne me souviens même plus de son nom) la discussion était vite limitée ! Elle semblait être très fermée et très négative. Elle semblait surtout critiquer la France car elle avait l’impression que ce pays considérait les témoins de Jehova comme une secte… qu’elle reste sur cette impression… personne ne semblait vouloir communiquer avec elle.


Ah oui il y a aussi les 2 chauffeurs. On appelait l’un « le sympa » et l’autre « le moins sympas » en fait ils étaient tous les deux sympas mais différents… ils nous laissaient souvent descendre nous asseoir près d’eux et nous offraient des friandises. Le « moins sympas » jetait les déchets par la fenêtre, ce qui a valu une réaction spontanée de la part de Marina et moi même. Nous avons tenté de lui faire une leçon d’écologie, mais il ne semblait pas s’intéresser … « de toute façon ce n ‘est pas mon pays » nous disait il pour justifier ses gestes. Nous étions déjà au Chili .

le chauffeur "sympa"

***

La traversée du Chili


Arrivée á la frontière entre l’Argentine et le Chili, nous étions sous la neige et il faisait assez froid. Très morose cette frontière, j’avais l’impression d’être en Russie.
Les Chiliens refusent que l’on fasse entrer sur leur territoire tout aliment d’ordre végétal ou animal.
J ai dû manger en vitesse tous mes fruits. Quelques passagers m’ont aidé. Ils sont tellement stricts qu’ils m’ont même demander de leur prouver que je les avais bien manger. J’ai dû aller fouiller dans la poubelle et leur montrer les résidus des fruits consommés.
La douane était un vieux local. Apparemment ce sont surtout des bus en transit ou des camions qui y passent par ici.
Nous étions tous alignés avec nos sacs pour inspection. Les agents de douane semblès être fort antipathiques, ils nous interrogeaient pendant que de l’autre côté du mur on entendait un marteau piqueur qui a fini par traverser le mur… je crois que ce n’était pas prévu ! un énorme nuage de poussière rempli le hall . On devait évacuer.
Tant mieux, nous nous sentions vraiment pas les bienvenues.


Très vite le paysage se transforme en désert, incroyable ce passage. Nous ne croisions aucune ville et ce jusqu'à la frontière avec le Perou. 2000 Kms de désert au nord du Chili. Rien, tout semble mort. La route aussi semble vide, elle est plate et en très bonne condition.
On marque des arrêts pour le repas. Ce sont des restaurants de bord de route, qui attendent les bus et les camions. Ils proposent un seul menu pour 5$ . C’est hors de prix pour les locaux, en général nous mangeons pour 2 $ maximum dans les lieux touristiques. Mon repas consistait en un bol de riz blanc, une salade de choux et une tranche de fromage jaune. je n avais pas d’autres choix, je n avais plus de fruits pour caler ma faim et ma gourmandise.
Melissa, Isabel et Marina se partageaient le menu au poulet á trois. David lui se retenait de manger et grignotait des crackers et des chips. Ils refusaient de payer tant pour un repas. Je pense qu’ils avaient raison, on avait vraiment l’impression de nous faire arnaquer. Pas très accueillant ce pays… le Chili.
Je devrais y repasser par là á priori, j’ espère que lorsque je reviendrais mon impression sera différente.

Désert, désert, et désert. L’air conditionné ne fonctionnait plus . On avait super chaud un vrai Sauna ! Je ne suis plus assise devant avec David car le soleil tapait trop fort sur la vitre.
Au bout de ce deuxième jour et demi de voyage on prenait quelques distance lorsqu’on se parlait. Certains ne se changeait pas de vêtements, d’autres s’aspergeaient d’eau de Cologne histoire de dissiper l’odeur de la sueur. On suppliait certains de ne pas retirer leurs chaussures. Enfin vous comprenez ça ne sentait pas le coco chanel. Moi je m’en sortais plutôt bien. J’avais prévu des lingettes désinfectantes ainsi qu’une tenue pour dormir et des vêtements de rechange. La nuit je m’enveloppais dans mon super sac de couchage de 600grs et je vous assure je dormais vraiment bien !
Le plus dur était de s’abstenir d’aller aux toilettes, car ceux du bus n’étaient plus accessibles et les arrêts au Chili étaient très peu fréquents.

le désert chilien


A la troisième nuit nous traversions la frontière avec le Pérou. Des cris de joies, applaudissements, nous sommes heureux d’avoir quitter le Chili. Ici la douane est beaucoup plus chaleureuse, des vendeurs de polaires, de bananes débarquent de tous les côtés (ouf enfin des fruits). Les filles se précipitent sur la cabine téléphonique pour appeler la famille au Pérou ou en Argentine.


On s arrête peu après la frontière pour dîner. Le menu est á 2 $ ici et en plus c’est bon !
Isabel s’extase devant la nourriture péruvienne. Se dépêche de me faire découvrir le Inca Coca, il s agit dune boisson gazeuse jaune fluo au goût de Bazouka Bubblle Gum… super chimique ! on m’indique le meilleur Chocolat Péruvien, « sublime » ou le fromage fresco , un type de feta, très bon.
C est vrai,la cuisine péruvienne a l’air bien plus raffinée que celle de l’Argentine. Il semble y avoir beaucoup de saveurs, des spécialités telle que le ceviche, des soupes aux pâtes ou au riz qu ils savourent déjà de beau matin.
Je me sens bien sur les routes du Pérou, ça me plait déjà !
Ce soir la, nous nous séparions de Marina et de Carlitos. Ils restent dans le sud du Pérou.

Echange de mails, photos d’adieu et des promesses de se revoir.

Dérnier repas avec Carlitos (à gauche) et Marina (en bleue)



Il nous reste une dernière nuit… le lendemain on découvre le désert Péruvien, mais avec des villes, on passe par Nasca, là oû se trouvent les fameuses lignes mystérieuses que l’on peut découvrir qu’en avion, Ica, et ses Oasis, Pisco … Ma curiosité m’attire, j’ hésite á descendre déjà du bus pour découvrir tous ces lieux…
Des vendeurs montent de temps en temps dans le bus pour nous proposer du textile, du maïs, des galettes, des empenadas etc…
On attend impatiemment l’entrée dans la capitale, Lima n’est plus très loin.



On approche la station de notre EL RAPIDO (notre bus) Il n y a pas de gare routière á Lima , chaque compagnie a sa station. C’est l hystérie totale dans le bus, chaque un perçois un membre de sa famille de la fenêtre. Des larmes des cris explosent. On tape sur la vitre. Quelles émotions ! Je ne voulais pas les perturber dans leurs retrouvailles, car finalement je suis la seule qui n est pas attendue… avec les chauffeurs. Je me sépare d’eux dans le bus, grandes embrassades, larmes, promesses : « viens nous voir » me supplient ils.

Je leur rendrai visite peut être… en tout cas je ne les oublierai pas, je venais de passer 4 jours formidables dans un bus, un voyage inoubliable !

Tous entassés á l’ arrière du bus... non pas pour une photo du groupe, mais a plusieurs reprises sur les routes chiliennes nous passions un test de poids- sur la balance- Et comme c’est surtout l’avant qui est pris en compte, on fermait les rideaux et on s’entassait á l’arrière en silence. Presque comme s’il n’y avait personne dans ce bus! C’était drôle.

J’avais commencé á pratiquer mon espagnol essentiellement dans ce bus. Car á Buenos Aires, les plupart des argentins rencontrés souhaitaient pratiquer leur anglais, hébreu ou francais.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Chère Carmith,
j'ai été très heureuse d'avoir de tes nouvelles et surtut de voir que tout allait pour le mieux pour toi.
Au moins, tu n'es pas comme nous dans la routine et la grisaille parisienne.
Profite bien de cette aventure et fais attention à toi!


Ariane

14 novembre, 2005 12:31  
Anonymous Anonyme said...

Hello Carmith, on ne vous savait pas partie si loin. Comme je vous envie! J'ai eu la chance il y a 7 ans de visiter le site du machu picchu avec mon frère j'avais adoré, ainsi que Cusco plaque tournante des routards du monde entier, voyage tellement riche de rencontres et d'émotion. Je me suis alors promis d'emmener ou d'envoyer un jour les garçons là bas. On vous embrasse très fort (Michaël et Benjamin semblaient très émus quand je leur ai montré les photos!)Nathalie

17 novembre, 2005 12:34  
Anonymous Anonyme said...

et si je fais comme ça, ça marche?
Rosine

22 novembre, 2005 12:04  

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